Les narrations de l'absence
>> Interview de Daniel Gonzalez, commissaire de l'exposition <<
par La Grande Radio.fr
L’accumulation toujours grandissante des connaissances en matière d’archéologie, associée à l’utilisation de technologies d’analyse de plus en plus précises, ne suffit pas à compléter le puzzle du passé. Notre vision est forcément fragmentaire. Les indices se juxtaposent mais la réalité demeure hors d’atteinte. Cette idée d’incomplétude, de manque, est à l’origine de l’exposition intitulée Les Narrations de l’absence. Au sein du musée, les oeuvres de la collection du Frac Aquitaine se déploient sur le parcours du visiteur. Un vis-à-vis s’établit entre des époques lointaines et des démarches contemporaines.
A gauche, "Multiplication n°4 1978-1981" de Alain Fleig, à droite, statue d'Hercule
Du passé, l’archéologie récolte des vestiges, des éléments épars. Extraits du sol, ceux-ci sont successivement étudiés, analysés et classés. Au sortir des laboratoires, certains d’entre eux intègrent parfois les salles du musée, en vertu de leur valeur artistique, patrimoniale ou de leur intérêt scientifique. Ces ensembles de pierres, de céramiques, de silex, de bronzes, indices du quotidien ou oeuvres artistiques, accompagnent le visiteur dans une reconstitution mentale du passé.
Les oeuvres contemporaines de la collection du Frac Aquitaine donnent à voir le musée d’Aquitaine sous un autre angle. De nouvelles considérations peuvent survenir, comme dans le rapport au temps développé par On Kawara autour d’une présence individuelle dans une époque globale. Ainsi, la disparition des images, par l’occultation des reflets de miroirs, dans les Rétroportraits de Thierry Mouillé conduit à entrevoir de nouveaux questionnements sur la présence physique et la permanence du souvenir. Le monde est complexe, en partie inaccessible. Tel est le paradoxe que développe l’exposition Les Narrations de l’absence. Avec la contribution des sciences, de l’histoire et de l’art contemporain, le puzzle du passé demeure énigmatique. Comme l’installation Lighthouse d’Alexander Gutke, tantôt visible, tantôt invisible, la réalité est insaisissable. Avec les formes subtiles de The Haunters de Jane Harris, ou avec l’animation RoorschaacH de Mathieu Mercier, le sensible prend le dessus sur le rationnel. Dans un monde qui essaie toujours davantage d’expliquer, de rationaliser, de prévoir, de modéliser, de sécuriser, de cataloguer, de structurer, l’équation de Laurent Derobert apporte une réponse salutaire.
En mettant l’accent sur le merveilleux de l’inconnu, sur la fragilité, sur le fragmentaire, sur le mystère, l’exposition assume cette poésie qui relie présent et passé.
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Les artistes
Le Fonds Régional d’Art Contemporain d’Aquitaine est une association loi 1901. Le Fonds régional d’art contemporain-Collection Aquitaine est financé par le Conseil régional d’Aquitaine et l’État (Ministère de la Culture et de la Communication - Direction régionale des Affaires culturelles d’Aquitaine), avec le soutien de la Ville de Bordeaux.
Autour de l'exposition
- Conférence "la conquête de l'art" / mardi 3 mars 2015
- Performances "J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité... Hommage à Robert Desnos" / mercredi 6 et jeudi 7 mai 2015