Cyprée de Pair-non-Pair

Pendeloque en forme de cyprée, grotte de Pair-non-Pair, Prignac-et-Marcamps (Gironde) Gravettien, vers -25 000 ans. Ivoire. Inv. 60.1060.33.
Cette exceptionnelle pendeloque en ivoire utilise la technique de la ronde bosse. Elle témoigne de la maîtrise parfaite de la sculpture sur ivoire, depuis la mise en forme jusqu’au polissage final. Plusieurs fragments de défense de mammouth ont été retrouvés dans la grotte de Pair-non-Pair, ce qui indiquerait une fabrication d’objets en ivoire dans la grotte même. Cependant, les objets dans ce matériau restent rares : quelques perles et un outil (ciseau) pour tailler le bois ou la pierre.
 

Cette pendeloque imite une cyprée (ou porcelaine), un gastéropode marin caractéristique des climats chauds ou tropicaux et absent du sud-ouest au Quaternaire. Les hommes du gravettien ont pris comme exemple des fossiles présents dans le sous-sol aquitain, notamment les faluns de Léognan ou de Martillac. Les hommes préhistoriques ont utilisé les coquillages et les fossiles pour les transformer en parures, pendeloques ou perles. La rareté des cyprées fossiles a dû donner à cette forme de coquillage une valeur importante, ce qui les a poussés à créer une copie en ivoire de mammouth. L’anneau de suspension est cassé, ce qui peut expliquer l’abandon d’un tel objet de parure dans la grotte de Pair-non-Pair.
 
 
Pour certains chercheurs, les cyprées fossiles étaient très recherchées car elles évoquent aussi une image du sexe féminin, ce qui leur ajoutait une valeur symbolique très forte.
C’est à l’heure actuelle le seul exemple de reproduction d’une cyprée fossile connu pour toute la préhistoire européenne.