Une lettre de dénonciation

Exemple d'une lettre de dénonciation 1940-1945

Lettre de dénonciation anonyme
Papier
Impression et manuscrit
1940-1945
Coll. Centre National Jean Moulin 

Pour lire le document, cliquer sur l'image à droite.

 

« J’ai l’honneur de vous avertir que Mr xxxxxxxx demeurant chez Mr xxxxxxxxx au Pinier C.ne de Laruscade (G.de) possède de son propre aveu des explosifs cachés je crois dedans ou sous les mangeoires de son étable et dit pouvoir s’en procurer d’autres. »

Un partisant (sic) de la collaboration

Monsieur. On vous dénonce pour posséder de votre propre aveu des explosifs que vous cachez dans ou sous les mangeoires de votre étable, vous pouvez paraît-il de votre propre aveu toujours vous en procurer d’autres. Si la chose est vraie, changez-les de place immédiatement et n’en dites rien à qui que ce soit ni famille ni amis. Ne comprenez-vous pas que vous risquez votre vie et celles d’autres peut-être et cela pour le seul plaisir de parler ou de paraître plus motivé qu’un autre. Ce n’est pas fort. Faites cela sans délai car voyant que vous n’êtes pas inquiété votre dénonciateur peut récidiver. Et surtout taisez-vous.
Pour la France »

 

La délation sous l’occupation est un phénomène largement répandu en France durant la Deuxième guerre mondiale. Les autorités Allemandes et de Vichy encouragent d’ailleurs les Français à dénoncer tous ceux dont l’origine, l’action ou l’opinion sont jugés contraires au nouvel ordre des choses. Les Juifs, les communistes et les résistants sont ciblés en premier. Ces lettres, toujours anonymes, sont néanmoins souvent signées d’une revendication idéologique destinée à accréditer leur contenu nauséabond auprès des autorités alertées. Les règlements de comptes ainsi que l’élimination d’un rival économique ou amoureux motivent souvent secrètement ces lettres infâmes aux conséquences dramatiques.

La rareté de ce document conservé au Centre National Jean Moulin réside dans l’acte de résistance qui figure en suivant. Le gendarme ou le policier destinataire de cette lettre n’hésite pas en dépit des risques à prévenir immédiatement la victime de sa mise en danger afin qu’elle puisse s’organiser en cas de nouvelle dénonciation et arrivée des autorités. Ce mot s’accompagne également d’un recadrage sans concession sur les mesures de prudence qui doivent être respectées notamment vis-à-vis des amis et de la famille témoignant ainsi du climat suspicieux qui règne alors en France.  La signature « Pour La France » se dresse ici fièrement contre celle du délateur et illustre symboliquement les enjeux du combat qui oppose Résistants et Collaborateurs.

Lettre de dénonciation © mairie de Bordeaux

Lettre de dénonciation © L. Gauthier, mairie de Bordeaux