L'oeuvre du mois - septembre 2013
Cette statue fut découverte à Bordeaux, le long de l’affluent la Devèze, « hors les murs », en 1594, près de l’ancienne chapelle Saint-Martin-du-Mont-Judaïque, avec deux autres statues, l’une féminine, disparue, l’autre masculine, exposée aussi au Musée d’Aquitaine.
Les caractéristiques de la sculpture contribuent à la dater plutôt du début du Ier siècle. Quant à l'identification du personnage, les vestiges découverts à proximité, notamment des inscriptions, laissent penser qu'il s'agit de la représentation d'un membre de la famille impériale, et plus précisément de l'empereur Claude. En effet, une dédicace à cet empereur gravée dans une plaque de marbre - aujourd’hui disparue-, se situait sur le piédestal de la statue au moment de la découverte de l’ensemble des vestiges.
Ainsi la statue présente l’empereur Claude, effigie de l’homme public, drapé d’une toge initialement ourlée d'un bandeau pourpre, effacé comme le reste de la polychromie.
Chef religieux (Pontifex maximus : grand Pontife) depuis un an, en 41, il est cette année-là, en 42, Pater Patriae, Père de la Patrie.
Le contexte du lieu de sa découverte en 1594 a laissé longtemps supposer, d’après les écrits de l’époque, qu’elle ornait de grands thermes publics, ce qui n’est pas vraisemblable à cette époque.
Néanmoins, le revers étant orné de quelques plis en bas-relief, la statue devait être adossée, peut-être présentée dans une niche ornant un bâtiment public.
Cette statue de l’empereur Claude a fait partie des premiers vestiges antiques conservés, avec l’autel des Bituriges Vivisques découvert 60 ans plus tôt, la statue de Drusus, neveu de Claude, et une statue féminine, vraisemblablement de Faustine la Jeune. Aussi, sur la pression des amateurs éclairés de la ville, les jurats décidèrent-ils de les exposer en bonne place à l’hôtel de ville, dans une niche aménagée à cet effet. L'hôtel de ville était alors situé derrière la Grosse Cloche, porte du rempart médiéval et entrée officielle de la Ville. C’est là que les ont vus les plus grands d’Europe à l’époque, et que Van der Hem, jeune dessinateur venu des Pays-Bas, les dessina en 1648 pour l’Atlas Bluae, encyclopédie géographique éditée par son frère.
En revanche, la statue féminine, dite de « Messaline » a disparu en raison de sa beauté : elle a été offerte à Louis XIV pour orner les jardins de Versailles à sa demande, mais a coulé dans la Gironde avec le bateau qui la transportait, trop lourdement chargé de statues et sculptures antiques...
A découvrir
Inscriptions latines d'Aquitaine (ILA) Bordeaux
par Louis Maurin et Milagros Navarro Caballero, avec la collaboration de Dany Barraud, Catherine Brial et Anne Ziéglé. Ouvrage publié avec le concours de la ville de Bordeaux et du Ministère de la Culture, Direction du Patrimoine, Sous-Direction de l'Archéologie. Bordeaux 2010