Natura Naturata

11 décembre 2010 - 13 mars 2011
Après avoir exploré la symbolique animale dans les civilisations orientales et occidentales, le Musée d’Aquitaine, le Musée Goupil, la Maison eco-citoyenne et le Jardin botanique, proposent avec l’exposition “Natura Naturata” de découvrir l’importance du végétal de l’Antiquité à l’époque médiévale.
Dans l'histoire de l'humanité, les hommes ont très vite compris l'importance du rôle des plantes. Cela les a conduits à s'intéresser à leur structure et à leur fonctionnement. Nous devons aux plantes notre oxygène, notre nourriture, notre santé, notre mobilier, notre habillement et l'agrément de notre environnement naturel extérieur et intérieur, c'est dire assez leur importance et leur utilité. L'usage des plantes accompagne l'histoire de l'humanité, qui a développé d'abord la cueillette puis l'agriculture et parallèlement a découvert les vertus des plantes médicinales.
La représentation de la nature et sa symbolique sont utilisées de façon permanente des Egyptiens aux Grecs, des Gaulois aux Germains, et nombreuses sont les coutumes qui, de nos jours font toujours référence en Europe à des pratiques ancestrales où l’arbre et la nature sont célébrés.
 
De même dans toutes les religions on utilisera la symbolique des plantes. En Egypte ancienne, le lotus, le papyrus et le palmier sont vénérés et servent de motifs décoratifs.
En Grèce, tout comme en Gaule, ce sont les forêts de chênes qui sont sanctifiées. C’est le cas de la forêt de Dodone qui est le premier sanctuaire consacré à Zeus. Les druides gaulois eux, pratiquent la cueillette du gui dans un cérémonial religieux très codifié dans
les omphalos entourés de chênes.
Les peuples germains, tiennent pour sacré le légendaire frêne d’Yggdrassil, arbre sur lequel Odin se pendra afin de connaître le secret des runes.
Dans le bouddhisme, le figuier est l’axe du monde. Il unit le ciel et la terre et c’est au pied de celui-ci que Bouddha obtint son illumination. Dans la Bible, l’arbre de la connaissance du bien et du mal se situait dans le jardin d'Eden, et plus tard la croix du Rédempteur, nouvel arbre de vie, vint se substituer à l'arbre d'Adam.
 
La Révolution française supplantera l’arbre de mai par les « arbres de la liberté » destinés à conforter les idées de la Révolution. Et que dire du calendrier révolutionnaire entièrement dédié à la nature !
Les artistes se sont largement inspirés de la nature depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Végétaux, arbres, fleurs, feuillages, paysages, forêts jalonnent toute l’histoire de l’Art, donnant lieu à des visions très diverses : Les planches botaniques d’un Jacopo Ligozzi ne ressemblent pas au pommier en fleurs d’un Pierre Bonnard ni aux fonds des tableaux parsemés de petites fleurs des peintres de la Renaissance comme Pisanello.
 
Le naturalisme attaché à reproduire fidèlement la réalité n’a rien à voir avec l’oeuvre de Paul Klee, qui considérait pourtant son carnet de croquis comme un herbier destiné à recueillir formes et mouvements. En architecture, le photographe allemand des années 20, Karl Blossfeld, voit les plantes se dresser comme des architectures de métal (l’Empire State Building new-yorkais ressemble à la structure verticale et solide d’une asperge. Autre exemple, le musée Guggenheim, également situé à New-York, construit par Franck LLoyd Wright, développe l’idée de la spirale des fougères.
Le Modern Style affirme la volonté de retour à l’observation et à l’imitation de la nature; on évoque ici les chefs-d’oeuvre de Horta, Gaudi ou Gallé. Les bâtiments de Gaudi semblent soulevés par des racines parcourues par la sève ; les vases de Gallé sont déjà des fleurs et les entrées de métro de Guimard, des jardins : on parlera de nature ouvragée.
Le monde végétal est composé d’une multitude de formes, de matières, d’assemblages plus ou moins régulièrement ordonnés.Séduits, les artistes les ont volontairement imités.
 
En regard des gravures du Musée Goupil, des artistes contemporains: Cathy Schein, Guillaume Toumanian, Lorenzo Chiffoleau, Laurent Cerciat , Richard Cerf, Alain Bueguerie et Jonathan Longuet, s’installent sur les cimaises du Musée d’Aquitaine, de la Maison Eco-citoyenne, et du Jardin botanique. Ils affirment la persistance du motif végétal dans la création actuelle.
Natura naturata, exposition 2010-2011, ©mairie de bordeaux

Natura naturata, exposition 2010-2011, ©mairie de bordeaux