Les fils d'or de Coutras

 

Objet : Fils d’or
Provenance : sarcophages 6 et 7 de la rue Saint-Jean de Coutras.
Découverte : Fouille de sauvetage faite en 1981 par Dany Barraud et Bernard Chieze.
Outil d’observation : Stéréomicroscope Leica EZ4 HD acquis en mai 2015 par le laboratoire d’Ausonius (UMR 5607), à l’aide de Marielle Bernier (ingénieure d’étude et gestionnaire du laboratoire).

 

Fils d'or, vue au stéréomicroscope

Nous avons encore peu de documentation sur les vêtements des femmes du haut Moyen Age. C’est notamment grâce à la fouille des sépultures que des vestiges nous permettent d’en restituer certains éléments. C’est le cas des fils d’or retrouvés dans le sarcophage de la rue Saint-Jean, à Coutras en Gironde, donnant des indications sur un voile porté lors des funérailles.

Ces fils d’or sont réalisés à partir de feuilles de métal de très petite épaisseur. Afin d’obtenir les feuilles, le métal doit être battu au marteau et bien plané. Par la suite, l’artisan doit réaliser des bandelettes pour créer les fils.

Ils ont été utilisés comme ornementation de broderies. L’observation à la binoculaire a permis d’identifier des fils « rectifiés », une technique dans laquelle les bandelettes d’or sont enroulées autour d’une trame, faite le plus souvent d’un fil de soie, formant ainsi des spirales. La spirale, une fois la trame retirée, peut être passée dans une filière. Les fils d’or entrent alors dans la composition des broderies, en même temps que les fils textiles.

Fils d'or, vue au stéréomicroscope

Le sarcophage 6 abritait le squelette d’une femme d’une vingtaine d’années, enterrée avec un riche mobilier (plaque boucle de ceinture, épingles, peigne en os,…). Les fils d’or étaient disposés au niveau du crâne et des épaules et associés à deux épingles situées de chaque côté de la tête. Ces éléments ont permis aux archéologues de proposer la présence d’un voile.

La présence de cette coiffe au sein de la sépulture soulève alors plusieurs questions : Le voile a t’il été créé spécialement pour l’inhumation de la défunte ou s’agit-il d’un vêtement issu du quotidien ? Est-ce une pièce tissée pour une exposition du corps pendant les funérailles ou un voile déjà porté du vivant de l’inhumée? Sa qualité et l’importance du mobilier attestent toutefois que la défunte était probablement issue de l’aristocratie.

Le port du voile au début du Moyen Age permet de s’interroger sur le rôle de la femme à cette époque, sur la place dans la société suivant son âge et sa fonction.

 

Wendy Bougraud, étudiante en deuxième année de Master au sein de l’Université Bordeaux Montaigne, sur le sujet : Les voiles issus des sépultures féminines de la période mérovingienne. Sous la direction d’Isabelle Cartron, professeure d’histoire et d’archéologie médiévale.